Thursday, October 4, 2007

Martine Morillon – Carreau

Naissance à Nantes en 1948. Reçoit ses premiers encouragements de poète lors d'un stage de journalisme en 1968. Licence en droit. De 1970 à 1978 travaille à la Martinique.
Enseigne actuellement en tant qu'agrégée de Lettres dans un lycée nantais.

Auteur de nouvelles primées à différents concours :

- France - Loisirs en 1990
- L'Encrier Renversé en 1992
- Premier concours de la nouvelle à Nantes
- CROUS en 1998

Auteur de poèmes :

- publiés dans diverses revues : Vivre en Poésie, Les Voleurs de Feu,Traces ,
Décol', Laudes ,Travers...
- anthologies : Sur la page où naissent les mondes, Le chemin des étoiles,
Poésie sur la Ville , Mille poètes mille poèmes brefs .
- un recueil : DIRE , vient de paraître en 1998 aux Editions du Petit Véhicule.
....
Compose des tableaux - poèmes ( a participé en 1990 aux Déjeuners sur
l'Erdre ).

***

Moi je n'ai pas de nom
je ne suis personne
rien
qu'une voix dans le vent
juste une trace sur du sable
rien qu'une des voix du vent
quand se disperse le sable.

°°°°°°°°
Aime - moi, disais-tu, aime - moi.
Nacarat la danse de la chambre ;
Dehors nuit de neige, c'est décembre
Rêche et son givre; j'aimais ce mois,
Ta chambre tendre et ton émoi...

°°°°°°°

Telle verte
- ô mortelle
lentement lentement -
la senteur d'herbe
coupée
des trahisons de mai.

°°°°°°°°
Fruit
de la douce-amère ou fruit du songe
luise la perle noire
du hasard
luit l'eau morte d'un miroir en miettes
où s'épanouit le regard d'ombre des chimères
luise pour qui s'y perd
la perle noire et ronde et mensongère
du poème.

°°°°°°°°°
Je

immobile

- et son vertige au miroir -

où s'agite

l'image.

°°°°°°°°°
Dés

Il y a Stéphane et son coup de

Max avec son cornet à

et celui - bleu - du hasard

ah René arrête ton char

toutes perdues les parties jongleries

jongleries tous pipés ceux jetés

par le silence hilare de la mort

°°°°°°°°

La vallée verte aux arcs-en-ciel derrière la mer sans piste
ni empreinte s'en est allée.

Parole devant la mer est sans réponse ( question pérenne
la source au poli des ravines ) ; énigme de vivant, parole aux
morts est sans réponse.

°°°°°°°°
Plus loin sont cependant des lumières et des îles : il y aura
rumeur de mer.

Il y aura, pour effacer pas après pas l'outrage des chemins,
l'oubli soufflant des sables innombrables et la paix mendiée
près des grands dieux de pierre dans la poussière des
temples morts.

Il y aura sur la cacophonie des coqs, mainte aurore de
cuivre, dédiant ses rades aux palmes noires des nuits en dé-
route : il y aura rumeur de mer.

°°°°°°°°

Noir le cheval, piaffant aux portes pourpres du matin :
d'où tenez-vous résonance, échos de cuivre, quand l'aurore
saigne des combats de la nuit ?
Musique, musique étrangère dont nul ne sait les nais-
sances foraines.

°°°°°°°°
Où meurt pour renaître la mer, l'enfant cherchant des
signes sur le sable,
mot à mot déchiffrant de grandes écritures d'algues :
messages un à un médités, ses grains de café sont porce-
laines,
trésor au fond des poches passé en fraude .

Pour lui seul, l'heure du café dans la ville en hiver exhale
aussi arôme de varech.

°°°°°°°°°
Ce vert mer aujourd'hui qui danse sous la coque, vert lumière
dans un rire de risée et d'écume ( lumière de verre pour l'allégresse :
reflets éclatés, fugacités pérennes de Vermeer ), secoue acérés ses
tessons de soleil,
vers quoi jusqu'aux marges fuyantes du ciel sans fin s'invente la
route résolue de l'étrave.

°°°°°°°°°
Patience paludière
aux marais de la douleur
où lentement s'étoile
un silence de sel,
aux salines de la douleur
patience
où lentement cristallise
la sérénité.

°°°°°°°°°

Avril au soir vert et gris : pourtant la route est en dehors
du temps;
qu'attend le cheval blanc sous la haie d'aubépine ?
..
Poèmes extraits du recueil de Martine Morillon - Carreau : DIRE ( Edit. du
Petit Véhicule )